La Probabilité du miracle

Gérard RANCINAN
Caroline GAUDRIAULT

Dans cette exposition les auteurs proposent un parcours à travers une sélection de leurs œuvres et ouvrages où se confrontent à chaque pas le réel et l’irréel.
Ce voyage protéiforme comprend des installations, des photographies, des écrits, des vidéos, des enregistrements sonores et un film.
Toutes ces formes convergent vers les questionnements permanents de nos réalités.

L’exposition
L’homme s’invente une irréalité pour survivre au réel.

GÉRARD RANCINAN – CAROLINE GAUDRIAULT

L’homme s’invente une irréalité pour survivre au réel.

L’artiste photographe Gérard Rancinan et l’auteur Caroline Gaudriault ont répondu à l’invitation de la Base sous-marine en donnant sens à ce lieu de mémoire dont la fonction première a été détournée. Ils proposent un parcours à travers une sélection de leurs œuvres et ouvrages où se confrontent à chaque pas le réel et l’irréel. Il en va de la perception que l’on se fait d’une société, d’une photographie, du sens d’un mot. Ils abordent cette question d’un point de vue poétique en faisant appel à l’enfance, au passé, à l’émotion, à la mémoire, à tout ce qui façonne la réalité du présent. Ils l’abordent aussi essentiellement d’un point de vue politique en évoquant le détournement du réel, la transposition volontaire de l’iconographie, la transformation du langage et du son.

Ce parcours comprend des installations, des photographies, des écrits, des vidéos, des enregistrements sonores et un film.
Toutes ces formes convergent vers les questionnements permanents de nos réalités qui façonnent une société construite sur des fantasmes et des illusions et dont il est urgent de ne pas être dupes.

***

LE PARCOURS, LA SCENOGRAPHIE

Base sous-marine, Bordeaux, France, 2016

Le parcours commence par les bassins d’eau vidés de leurs sous-marins, dans le chaos du monde.

Telle un Opéra de l’irréel, la mémoire de ce qui nous a précédé résonne dans ce lieu, là où se mélangent le son des bombes et la divine voix de la Callas. La Fête est finie, œuvre photographique monumentale sur toile, ne nous épargne rien de la réalité brutale et de la douceur des paradis de notre imaginaire.

Les premières alcôves empreintes des traces passées se remplissent de nos réminiscences. Qu’est-ce qui ne s’oublie pas ? Quelle sélection fait-on parmi l’histoire commune et celle propre à chacun ? Le parcours d’un artiste commence là où sont accrochés les rêves qui l’ont construit et qui l’ont conduit jusque-là.

Des fragments de la Trilogie des Moderne (2007-2012) parlent des dévots de la Modernité, qui tentent d’effacer tout héritage jugé trop lourd à porter pour réinventer le présent. Par l’impertinence et l’humour, loin du jugement moral ou de la démonstration péremptoire, cette Trilogie se moque néanmoins des excès des nouvelles mythologies pécuniaires, des illusions devenues mortifères et dictatoriales, de la schizophrénie sociale. Le virtuel s’assume totalement dans nos sociétés contemporaines, mais crée-t-il toujours du rêve ?

Le Destin des Hommes (2015) parle de cette vocation humaine à imiter les anges, à se dépasser, se sublimer, se transcender. Si les Hommes constituent les seules créatures dotées d’autant d’imaginaire, elles s’en servent avec génie pour concevoir les inventions dignes de leur créativité. C’est là que le combat commence, intérieur et éternel. La lumière côtoie l’obscur et la création s’oppose à l’autodestruction. Aucun Homme n’échappe à sa nature, aussi bienfaitrice que néfaste.

Les Portraits d’artistes (1972-2016) mettent en scène par la voie de la performance ceux qui se projettent le plus dans l’abstraction du monde, par la création et par la volonté de devenir non plus un homme, mais une référence. La représentation iconographique devient aussi importante que l’œuvre créée et leur donne un statut éternel.

Un petit homme dans un vaste monde (2013-2014) plonge l’homme minuscule dans l’invariable géométrie du monde. De nouveaux territoires, biologiques, nanotechnolo- giques… s’ouvrent à lui. Son identité même est en jeu, dans ses choix politiques et éthiques, ses désirs prométhéens et transhumanistes. Parfois il lui est plus difficile de poser les bonnes questions que de trouver des réponses immédiates. Aura-t-il toujours l’indépendance d’esprit de se demander quelle est sa réalité, son identité face à la virtualité du monde ?

On s’est créé nos propres bibliothèques, l’artiste y a disposé ses rencontres photographiques, comme des baisers volés à l’histoire. L’histoire réelle des grands personnages a laissé place à l’iconographie fantasmée. Ils ont franchi la rive de l’oubli pour atteindre celle de l’éternité.

Seul l’instant est réel, le passé, lui, est sujet à la déformation de la mémoire. La dernière alcôve représente l’instant présent. Ce « bureau reconstitué » de l’artiste et de l’auteur, sorte de capharnaüm de leurs idées, rassemble les éléments influents de leurs vies et de leurs parcours donnant lieu à leur conversation ininterrompue sur l’état du monde. Il en va de l’inspiration comme d’un don immatériel de la pensée, avec sa fragilité, les expériences vécues, les idées et les croyances, les rencontres. C’est tout cela qu’ils épinglent au mur : tout ce qui donne du sens à leur travail.

Le parcours se poursuit avec une installation sur la mémoire sonore qui nous parvient du passé.

Les Photographies

La Trilogie des Modernes


Le Radeau des Illusions - 2008 - Métamorphoses


The Big Supper - 2008 - Métamorphoses


La Liberté Dévoilée - 2008 - Métamorphoses


Les Ménines - 2008 - Métamorphoses


La Danse ou L’éloge du sacré - 2008 - Métamorphoses


Le Jardin des Délires - 2008 - Métamorphoses


Triptyque Naître et Mourir - 2008 - Métamorphoses


Le Martyr - 2009 - Hypothèses

***


Family Watching TV - 2011 - Wonderful World


Salome in Wonderland - Detail 2 - 2011 - Wonderful World


My Life on the Web - 2012 - Wonderful World


RIOTS - 2012 - Wonderful World


Batman Family Boys - 2011 - Wonderful World


Batman Family Girls - 2011 - Wonderful World


On The Way Back from Disneyland - 2011 - Wonderful World


Le Banquet des Idoles - 2012 - Wonderful World

***
Le Destin des Hommes


Le Guide - 2014 - Le Destin des Hommes


Le Guerrier - 2014 - Le Destin des Hommes


Terre des Hommes - 2014 - Le Destin des Hommes


L’oiseau de vie - 2014 - Le Destin des Hommes


L’Annonciation - 2015 - Le Destin des Hommes


Scène de Marché - 2014 - Le Destin des Hommes


La Fête est Finie - 2014 - Le Destin des Hommes


Le Festin des Miettes - 2014 - Le Destin des Hommes

***
Les Artistes


Triptyque Yan Pei Ming - 2003 / 2006 / 2009


Paul Mc Carthy - 2001


Zhang Huan - 2009


Franko B - 2001


Ming in War - 2012

***
Un petit homme dans un vaste monde


Triptyque A small Man in a big world - 2013


The Runner - 2013


The Labyrinthe - 2013


The dance of the fool - 2013

Les textes

Alcôve

Ecoute le chaos du monde. L’Opéra de l’irréel. Les sons arrivent de loin comme les souvenirs. Là où le bruit des bombes se mêle à la divine voix de la Callas ; là où est rendu possible la tragédie et la beauté ; là où la nuit ne s’arrête jamais. La musique est abstraite comme le passé. Plus rien n’est réel. D’ailleurs tu n’as rien vu à Hiroshima…

***

Le tableau noir

La mémoire n’est que distorsion. La chambre de notre enfance se dévoile plus petite qu’elle n’y paraissait. Elle semblait immense, quand elle contenait toutes les promesses infinies de nos têtes rêveuses. L’enfant que nous étions s’échappait de la réalité pour s’inventer mille mondes, mille avenirs possibles, les murs sans cesse repoussés au-delà de la moquette couleur crème. Seul est réel ce petit bureau sur lequel nous nous sommes assis, avec son banc usé et son bois entaillé par endroits. Est réelle aussi cette photographie prise de nous qui nous immortalise dans nos jeunes années. L’enfant qui s’est assis là n’est déjà plus le même et nous a quitté, comme il a quitté la pièce en laissant son image seule pénétrer les lieux. Quand on regarde ce portrait du passé, on croit se souvenir…
De quoi se souvient-on ? On se souvient que tout est parti de là. Parce qu’il n’y a rien de plus irréel que ce qui va advenir, on sait que tous les rêves sont possibles. Toutes les limites de la pensée sont franchissables. L’imaginaire de l’enfant n’a pas de barrières, pas d’interdits. Il traverse les mondes. Il est plusieurs personnages à la fois. Il est un infini dans un monde fini.
Il se construit ses bibliothèques, au gré de ses rencontres et de ses expériences. Et sur les étagères, il sait que tous les livres sont des mondes à connaître et des voyages à entreprendre.
Notre mémoire est prolixe comme la tête d’un enfant. Elle disloque, romantise ou idéalise. Le souvenir y est intact mais non pas réel. Le passé appartient à la nébuleuse sentimentale et émotionnelle. On n’abîme pas le passé, il est trop fragile. On veut en effacer toutes les traces obscures. On veut pouvoir se retourner sur lui et s’y soutenir comme d’un acrotère. On veut qu’il soit beau ce sarcophage des instants vécus que l’on est prêt à aimer d’un amour tragique.

On vient écrire une poésie dans des lieux où rien ne pousse. Même si les murs sont épais ; même si l’humidité abîme ; même si la lumière ne pénètre pas, rien ne peut empêcher un homme de rêver…

Quand notre mémoire vacille et que le prisme du temps la déforme avant de disparaître avec nous, alors l’objet archive. Solide. Véritable. Indéformable. Transmissible. Comment aurions-nous découvert autrement que sur ces photographies ces visages juvéniles de nos parents et grands-parents ? Dans notre réalité ils ont l’âge du présent ou du dernier souvenir ; nous sommes déjà plus vieux qu’eux… D’une simple image prise d’eux au bord de l’eau, dans l’élégance d’un quotidien non posé, on imagine ce qui est hors du cadre de la photo. On voit leurs rires et leurs premiers baisers. On entend leurs rêves et leurs discussions autour de la nappe dressée pour les amis. On imagine leur énergie à rentrer dans la vie. On s’installe avec eux autour de la table et nous-mêmes en comprenant l’histoire, on vient prendre place dans l’album photographique comme on s’installe dans un roman familial.
Que le moment soit heureux ou tragique, il fait partie de nous. Tout comme ces murs de béton indestructibles qui suintent d’une mémoire collective qui ne peut s’effacer. Il suffit de savoir l’histoire derrière les murs pour ne pas l’ignorer. L’architecture impose sa réalité ; il suffit de le regarder pour sentir vibrer les murs, entendre les bruits qui reviennent du passé, les ordres et les peurs, voir s’agiter les bassins d’eau, la sueur, le souffle, l’odeur de poudre, la mort pas loin…
Les vestiges sont ce qui reste pour conjurer l’oubli. Ils sont les Panthéons de notre histoire.
On avance comme dans un livre ouvert. La littérature du monde s’écrit, chaotique. L’encre s’efface petit à petit car la mémoire ne peut pas tout retenir. On ne peut éviter totalement que l’Histoire se répète. Mais il reste tant de pages blanches…

Je suis une construction imaginaire.

***

Le mur d’inspiration

La réalité, c’est le mur contre lequel on se cogne. Seul le présent est réel. Avant et après, ce n’est qu’une projection dans l’ailleurs de l’imaginaire. La pensée pousse comme une herbe folle et se propage tout autour d’elle, sur les murs, les feuilles, l’air, obsédante et inspiratrice, nourrie de nos multiples vies accumulées, de nos influences conscientes et inconscientes, des distorsions que nous appliquons aux réalités vécues. Nos têtes seraient un bureau reconstitué, encombré par un fatras joyeux et mélangé.
Devant les officiels, nous sommes des cartes d’identité avec un numéro inscrit et une date d’expiration ; nous sommes les secrets de nos intimes ; nous sommes les refuges de notre famille ; les bons vivants de nos amis… nous sommes tellement nombreux en même temps. Et responsables du compromis final.

***

Le passage entre passé et présent

On ne quitte jamais le passé.
Il se rappelle à nous sans qu’on l’ait convoqué.
Inconsciemment, dissimulé dans nos mémoires,
il vient nous dire que l’histoire se répète.
L’Histoire ne retient pas les évènements,
elle ne garde trace que des grandes mythologies universelles et intemporelles.
En entrant dans le Présent,
nous prenons part au destin
qui se joue depuis toujours et qui nous échappe en partie.
Combien de guerres ? Combien de combats idéologiques ?
Combien de radeaux échoués à la découverte d’une Terre Promise ?
Combien de cercles de vies illusoirement réinventés ?
Combien d’icônes auxquelles se référer ?
Les époques changent et avec elles les mentalités.
Les jours passent pour conjurer l’immuabilité de l’Histoire.
Un jour, et peut-être aujourd’hui,
l’histoire de l’humanité sera remise en question.
Dans l’abstraction du monde, la réalité des hommes vacillera.
Ce qui se joue au Présent prend alors tout son sens.
Dans ce monde d’illusions nécessaires,
il est bon de ne pas être dupe,
pour que le voyage en vaille la peine.
Et c’est ici qu’il commence…

***

Le présent

Pour trouver la vérité, il nous faut renoncer aux illusions.
La vérité elle-même n’est que pure illusion,
mais nous ne saurions survivre sans elle.

***

Wonderful World

J’ai des nouvelles du Ciel…elles ne sont pas bonnes.
A quoi ressemblerait une société qui aurait perdu toute mémoire ? A notre grand parc d’abstraction mondialiste !
Au placard les icônes du passé, le patrimoine qui prend la poussière, les emblèmes civilisationnels, les langages vernaculaires trop intimistes, les références d’époques immémoriales… Vive Batman. Vive Mickey. Vive les icônes contemporaines de notre spectacle enfantin.

What a Wonderful World !

Non aux histoires réelles ! Trop sérieuses, trop dramatiques, trop insolubles. Si l’on assiste à quelque chose d’insoutenable dans le poste, il nous suffit de se précipiter pour l’éteindre et respirer : ainsi tout peut rester enfermé dans cette télé à qui l’on a coupé la parole. Aucun risque de réel du côté du sourire du diable de la présentatrice atone du journal télévisé. Leur mise en scène sensationnaliste placarde une vision du monde correspondant à notre "temps de cerveau disponible". Il est bon que d’autres pensent pour nous. Nous avons failli avoir une opinion ! Cela aurait pu nous mettre face à des situations fort embarrassantes. Non vraiment, le consensus et le politiquement correct nous va si bien. Les médias le portent bien aussi, chorale très… solidaire qui recompose l’histoire. L’intérêt c’est l’audimat, l’information est une notion archaïque. On pense à notre plaisir…

What a Wonderful World !

Dans le monde merveilleux du Moderne, on nous donne ce que l’on demande. Le principal étant que l’on soit H-E-U-R-E-U-X. Et comment pourrait-on ne pas l’être ? Avec nos patins à roulettes, nos bords de fleuves aménagés avec des transats et des cocotiers, nos festivals du divertissement, nos nuits blanches, nos fêtes de la musique, nos villes-musées ? Quel bonheur voulez-vous dire. Quand certains réfléchissent à l’amélioration écologique de nos grandes villes, nous nous engouffrons dans des avions low-cost vers l’autre bout du monde. Quelle richesse culturelle et ouverture d’esprit que cette mondialisation touristique ! Il suffit de s’inventer une irréalité heureuse pour survivre à la réalité.

What a Wonderful World !

Quand ce monde-ci ne suffit pas, il faut s’en inventer un autre. D’ailleurs "impossible" n’est pas de ce monde. Aujourd’hui il n’y a plus rien de schizophrène à vouloir être quelqu’un d’autre. Etre le sosie d’une star ; avoir ses 5 minutes de gloire par un effet de médiatisation foudroyant… Mais le plus grand bonheur, c’est de ne porter aucune responsabilité. Nous sommes devenus virtuels, cachés derrière nos écrans. Il n’y a plus personne à affronter. Il suffit d’un clic pour assouvir toutes nos lâchetés. Nous nous dissimulons dans la vingt-cinquième heure des réseaux connectés.
Nous virtualisons nos relations, nos affaires, nos amis et nos amours. Dans ce nouveau jeu où nous avons totalement investi le territoire du virtuel, plus rien ne nous engage.

Il est inutile de dire combien nous sommes attachés à ce Monde Merveilleux qu’il nous faut préserver. Aussi, nous sommes profondément investis, tous "volonteers", pour sauver notre planète. Avec nos masques de Batman et cette volonté compassionnelle, nous sommes disposés à sauver le monde.
Peut-être cherchons-nous avant tout à nous sauver nous-mêmes…

***

Destin des hommes

Lettre au petit-fils

Mon cher petit-fils,

Cette lettre que je tiens dans la main, voici quelques temps que je l’ai écrite. Je ne sais plus quand exactement. Le temps s’est étiré et je ne le mesure pas bien. Il me semble que ce que j’ai à dire à l’aube de ma traversée du rivage, je l’ai toujours porté en moi mais je n’ai pas toujours voulu le voir.
Tu as l’âge des plaisirs fougueux. La fougue est un allié. Ton père, et moi avant lui, nous avons transmis ce qui est en notre pouvoir. Aujourd’hui tu es dans ton rôle et tu le contraries, comme il me contrariait alors. J’en souris encore ! Je sais, l’on apprend à travers ce que l’on expérimente…
Vois-tu, l’homme fait preuve de génie, il invente, il repousse sans cesse les limites techniques, il ne cesse d’ouvrir de nouveaux horizons, mais la question de la transmission reste, elle, éternelle.
Il est à l’aise avec l’irréalité, mais la réalité le dépasse souvent. Il a inventé les mathématiques. Il a vu la Terre de loin. Il a posé une sonde spatiale sur la comète Tchouri à plus de 6 millions de kilomètres. Mais il se demande toujours comment éduquer son enfant. Elever un enfant, c’est le mener vers l’élévation…
Tout recommence donc toujours. C’est ce qui nous oblige à rester humbles.

Rien n’est plus irréel que le but vers lequel on tend. Tu t’égareras sans doute. Il est bon de se perdre pour savoir revenir. Il est bon de musarder en route. Je sais que tu es pressé car tu ne crois pas aux promesses ! Trouve ton propre rythme sans perdre de vue ton chemin. Quand tu auras mon âge, tu ne te retourneras pas sur la quantité mais sur la qualité de ce que tu as su créer.
L’infini nous donne des ailes et c’est pour lui que l’on ose l’impossible, pour voir ce qui se passe de l’autre côté de l’horizon. Quand la gravité nous oblige à nous circonscrire dans l’espace, la pensée elle, légère, nous emmène sur des territoires lointains, inconnus ou interdits. Ose-les tous. Ta curiosité est insatiable. Nourris-la.
« Destin fati » : « Accomplis ton destin et aime-le », dit le philosophe. Vois-tu, on essaye, du mieux que l’on peut. C’est à dire mal. Maladroitement. Le jeune adulte que tu es veut dépasser toutes les limites, transcender sa nature même. Comme tu as raison ! Peu importe les risques même si tu dois t’y brûler les ailes. La vie n’est pas une économie de soi-même ni une vision réductrice du monde. Tu ne pourras pas plaire à tous et il serait vain et suicidaire de le souhaiter. Mon petit-fils si cher, tu apprendras qu’il vaut mieux avoir mauvaise réputation que mauvaise conscience.
Ce que je peux te souhaiter de plus profond, c’est de gagner ton indépendance d’esprit. Ta réalité est ce qui comptera le plus. Ce n’est pas le projet le plus facile à trouver. Bien au contraire, elle te confrontera à une solitude, à une exigence, à une abnégation sans doute. Je t’en prie, ne sois pas un imitateur. Vole de tes propres ailes et tu accompliras ce qui compte dans le Destin des Hommes.
Dans le chaos de nos expériences et dans l’arrogance de nos rêves les plus fous, on transgresse pour aller plus loin et se donner l’illusion d’être libres. Mais que sommes-nous, si ce n’est des animaux sauvages ; des bêtes autodestructrices au génie créatif ; peut-être les plus cruels, les plus barbares d’entre tous… La lumière et l’ombre en même temps. Avec l’âge, il semblerait qu’une sagesse s’impose à nous sans même que nous l’ayons voulu, comme pour transmettre dans notre dernier souffle l’espoir de voir dompter cette barbarie. Avant que la mémoire ne me quitte : Ne fais rien que tu ne puisses regretter. J’ai compris trop tardivement, que dans la légèreté de la vie et du monde illusoire, la seule réalité est celle de nos actes. Et c’est irréversible…
Vis le mieux possible et le plus haut. Elève-toi.
Ton grand-père.

***

Les artistes

C’est en voyant l’œuvre de Giotto que Dante se penche sur l’artiste pour y voir l’esprit, la main qui tremble et la gloire… La conception et la réalisation ne seraient pas suffisantes sans le passage à la postérité. Un artiste ne se doit pas d’être humble, pourquoi le serait-il ? 
Il s’est engagé et c’est sans rémission. La responsabilité de son acte est immense. Consciemment, il s’est emparé de ses outils comme d’une arme pour devenir le témoin éveillé de son époque. Tout n’est pas art, contrairement à une pensée trop contemporaine, mais tout art est politique.
Son rôle dans l’Histoire y est prépondérant. 
L’artiste est un illusionniste. Il suffit qu’il nomme une chose pour qu’elle prenne vie : le mot précédant la chose. Il suffit qu’il transpose artistiquement une vision pour qu’il crée l’histoire. Et la fige. Ainsi, il arrête le temps. Son pouvoir le dépasse, comme ses œuvres d’ailleurs, qui déjà ne lui appartiennent plus. 
C’est un joueur du réel. Le véritable sang de Franko B ou l’ersatz au ketchup de McCarthy, le réalisme pictural d’une guerre chez Yan Pei Ming ou l’idée d’une scène picturale créée à partir de cendres chez Zhang Huan. On assiste à une exécution de la vérité. Peu importe la véracité des moyens utilisés, tant qu’ils justifient leurs visions du réel et leurs transpositions, ici mortifères, de la société.
C’est un illusionniste qui ne disparaît pas derrière son œuvre. Il en est un fragment car il en est l’idée. Son portrait devient symbole. L’homme disparaît derrière la posture. Lui-même mis sous cadre et exposé, comme pourrait l’être une de ses œuvres, il devient une représentation. En accédant alors à une stature iconique, il donne vie aux propos de Dante et rentre dans l’Histoire.

***

Un petit homme dans un vaste monde

***

L’histoire

Le souvenir est cette distorsion entre la certitude et l’oubli qui donne une sorte de vertige.

Le film

 Affiche du Film "La Probabilité du Miracle"

L’œuvre cinématographique :

La Probabilité du miracle (2015), film de 48 minutes, est un acte politique, un essai de résistance poétique. Il place l’homme face aux possibles visions de la réalité et pose la question fondamentale de ce qui se passe lorsque l’une d’entre elle s’impose aux autres.

Si l’on suppose que toute vie se définit comme la probabilité d’un miracle, l’homme tire sa force vitale dans son rapport à une réalité cosmique. C’est cette force créatrice, imaginative et poétique qui l’engage dans une énergie et une errance initiatique au monde.

Il est pourtant la proie de prédateurs humains, prompts à réinventer cette réalité, qui semble ne jamais suffire. Il lui faut faire face aux déviances technocratiques, aux mo- ralisateurs qui imposent leurs dictats. Ceux-là même qui effacent toute trace de lan- gage, toute forme d’imagination, tout libre arbitre.

Dans ce naufrage culturel, ces hommes sans imagination tentent d’imposer leur vision.

> Bande Annonce :

Les auteurs

Gérard Rancinan
RANCINAN
Gérard Rancinan est un artiste international, dont l’œuvre photographique est présentée dans les plus prestigieux musées du monde et fait partie des grandes collections d’art contemporain. Témoin de son époque, il a été récompensé par six World Press. Ses photographies sont des œuvres monumentales et expressionnistes, transpositions de son regard sur la société contemporaine. Elles ne cachent rien de la virulence ni de la subversion d’un artiste aguerri, éveillé et critique envers son époque. Rancinan a également réalisé des œuvres documentaires et des courts métrages artistiques.
Il a par ailleurs été nommé Officier des Arts et des Lettres.

Il a exposé entre autres à la Galerie Urban Spree de Berlin – au Jardin Rouge de la Fondation Montresso de Marrakech – à l’Académie des Beaux-Arts de Florence – au Palais des Beaux-Arts de Lille – au Couvent des Cordeliers de Paris – au Musée océanographique de Monaco – au Musée d’art contemporain Himalayas de Shanghai – à la Fondation Pinault de Dinard – au Musée Oscar Niemeyer de Curitiba – au Musée d’art contemporain de Lyon – au Louvre Lens – au Musée des Arts et Métiers de Paris – au Musée d’art contemporain Danubiana de Bratislava – aux Abattoirs, Musée d’art contemporain de Toulouse – à la National Portrait Gallery de Londres – à la Triennale de Milan – au Palais de Tokyo de Paris – au Musée d’art contemporain de Barcelone.

www.rancinan.com

***

Caroline Gaudriault
CAROLINE GAUDRIAULT
Caroline Gaudriault est une auteure française de près d’une dizaine d’ouvrages littéraires ou d’essais traduits en langue anglaise ou même chinoise. Elle met en perspective une réflexion qui sous-tend une démarche artistique. Son travail éditorial s’accompagne de confrontations avec des penseurs contemporains qu’elle fait parfois participer au processus de création. Longtemps journaliste indépendante, elle a travaillé tant pour la presse écrite française que la presse magazine internationale (Time, Paris-Match, Sunday Times, Stern...).

BIBLIOGRAPHIE

Un petit homme dans un vaste monde, éditions Paradox et Presse universitaire de Chine, 2014, avec Francis Fukuyama.

• La Trilogie des Modernes :

Métamorphoses, partie 1, Biro & Cohen éditeurs, 2009.
Hypothèses, partie 2, éditions Paradox, 2011.
Wonderful World, partie 3, éditions Paradox, 2012.

Le Photographe, éditions de La Martinière et éditions Abrams, 2008.

Urban Jungle, éditions de La Martinière, 2000, de Gérard Rancinan et préface Caroline Gaudriault.

www.zigzag-blog.com

***

LISTE DES EXPOSITIONS MUSÉALES
de 2000 à 2016, liste non exhaustive.

Base sous-marine, Bordeaux, France, 2016
Exposition personnelle “La Probabilité du Miracle” en collaboration avec l’auteur Caroline Gaudriault

Urban Spree, Berlin, Allemagne, 2016
Exposition “Le Destin des Hommes” Parties I & II en collaboration avec l’auteur Caroline Gaudriault

Fondation Montresso, Jardin Rouge, Marrakech, Maroc, 2016
Exposition “Rancinan au Maroc” – Exposition inaugurale pour le musée de la Fondation Montresso

Chateau de Gaasbeek, Bruxelles, Belgique, 2016
Exposition collective “Décadence divine”, en collaboration avec la compagnie théâtrale malinoise Abattoir fermé, et inspirée du livre A Rebours de Joris-Karl Huysmans

Académie des Beaux Art, Florence, Italie, 2016
Exposition à l’Accademia delle Arti del Disegno « Le Destin des Hommes » en collaboration avec l’auteur Caroline Gaudriault

Palais des Beaux-Arts de Lille, Lille, France, de septembre 2015 à janvier 2016
Exposition collective - « Joie de Vivre »
Commissaire d’exposition : Bruno Girveau

National Portrait Gallery, Londres, Grande-Bretagne, 2015
Collection permanente - « Barry McGuigan »
Commissaire d’exposition : Paul Ardenne

Couvent des Cordeliers, Paris, France, happening du 11 au 14 juin 2015
Exposition personnelle - « Le Destin des Hommes » en collaboration avec l’auteur Caroline Gaudriault
Commissaire d’exposition : Paul Ardenne

Musée Océanographique de Monaco, Monaco, avril-juin 2015
Exposition personnelle - « Another day on earth » en collaboration avec l’auteur Caroline Gaudriault

Musée des Beaux-Arts de Huelva, Espagne, février-mars 2015
« La Trilogie des Modernes » - Extraits

Musée d’Art Contemporain Himalayas, Shanghai, Chine, sept-nov 2014
Exposition personnelle - « La Trilogie des Modernes », en collaboration avec l’auteur Caroline Gaudriault
50ème Anniversaire des accords diplomatiques France-Chine

Sinan Mansions, Shanghai, Chine, sept-nov 2014
Exposition personnelle - « A Small Man in a Big World »

Musée du Louvre, Lens, France, 2013 - 2018
« La Liberté dévoilée » - Bulle immersive

Quai d’Orsay, Ministère des Affaires étrangères, Paris, France, 2013 - 2015
Accrochage de l’œuvre « Batman Family »

Fondation Pinault et la ville de Dinard, France, juin - sept 2014
Festin de L’Art : « Le Big Supper » - Expostion collective en compagnie de Jeff Koons, Andres Serrano, Subodh Gupta, Joel-Peter Witkin – Collection Pinault
Commissaire d’exposition : Jean-Jacques Aillagon

Museo Oscar Niemeyer, Curitiba, Brésil, juin 2014
Exposition collective - « Extrait de A Wonderful World ».

Musée d’Art Contemporain (MAC) de Lyon, France, février - avril 2014
Exposition collective - « Moto Poétique ».
Commissaire d’exposition : Paul Ardenne

Musée des Arts et Métiers, Paris, France, octobre - novembre 2013
Exposition personnelle - « Le Festin des Barbares » dans la Chapelle du Pendule de Foucault

Musée d’Art Contemporain Danubiana de Bratislava, Slovaquie, mai - sept 2013
Exposition personnelle - « La Trilogie des Modernes »
Commissaire d’exposition : Vincent Polakovic

Musée d’art contemporain Les Abattoirs de Toulouse, France, sept - oct 2012
Printemps de Septembre 2012 « L’Histoire est à moi ! »
Exposition collective en compagnie de Anselm Kiefer, Pierre&Gilles, Mounir Fatmi
Commissaire d’exposition : Paul Ardenne

Londonewcastle Project Space, Shoreditch, Londres, Grande-Bretagne, juin 2012
« Wonderful World »
Commissaire d’exposition : Ed Bartlett

Triennale di Milano, Milan, Italie, mai 2012
Exposition personnelle - « La Trilogie des Modernes »
Commissaire d’exposition : Claudio De Albertis

Gemeentemuseum Den Haag, La Haye, Pays-Bas, 2011
Reflex Miniature Museum – Exposition collective avec Damien Hirst, George Baselitz, Yayoi Kusama, Roy Lichtenstein

Chapelle Saint-Sauveur, Paris/Issy les Moulineaux, France, 2011
Exposition personnelle - « Hypothèses »

Musée du Louvre, Paris, France, 2010
Exposition à Librairie du Louvre autour de « Métamorphoses »

Galerie Rudolfinum, Musée des Arts Décoratifs de Prague, 2010
Exposition collective en compagnie de Damien Hirst, Andres Serrano, Cindy Sherman
« Decadence Now »

Ville de Barbizon, France, 2010
Exposition collective en compagnie de Combas, Erro, Klasen, Monory
« 150 artistes pour les 150 ans de l’Angelus de Millet »

Palais de Tokyo, Paris, France, nov-dec 2009
Exposition personnelle - « Métamorphoses »
Commissaire d’exposition : Marc-Olivier Wahler

Palazzio delle Esposizioni, Rome, Italie, mai - juillet 2009
Exposition personnelle - « Le Photographe »

Palais de Tokyo, Paris, 2008
Exposition personnelle - « Le Photographe »

Triennale Bovisa, Milan, Italie, juillet - sept 2007
Exposition personnelle - « La Trilogie du Sacré Sauvage »

Musée d’Art Contemporain de Barcelone (MACBA), Espagne, avril - juin 2007
Exposition collective autour du portrait - « Nathalie Scene IV »

Espace Pierre Cardin Paris, France, 2000
Exposition personnelle - « Urban Jungle »

Presse et Médias

Le 20 heures du 9 décembre 2016 - TF1

***

PNG - 23 koParis Match
[Jeudi 29 octobre 2016]

Rancinan photographie son réel – pour mieux montrer l’irréalité de notre monde.
[…] Une photo immense de 8 mètres sur 15 accueille les visiteurs au bout du premier ponton. On y voit deux hommes, dont un portant des ailes d’ange, visiblement épuisés par la vie, la fête tragique qui vient de se dérouler.

Benjamin LOCOGE

JPEG - 829.2 ko

Rancinan submerge Bordeaux - ParisMatch

***

JPEG - 34.5 koSUD OUEST
[Mercredi 12 octobre 2016]

« Moments d’éternité »
« La Probabilité du miracle » n’est pas une rétrospective, mais un voyage initiatique, une plongée dans un univers protéiforme, où chacun développe sa propre écriture, en réponse à l’autre. Car s’ils ont toujours un pied dans le présent, Gérard Rancinan et Caroline Gaudriault possèdent la notion du temps qui passe chevillée à l’âme.

Céline MUSSEAU

Réalité augmentée : Article du 12-10-2016
Un ange et deux poursuivants dans les rues de bordeaux : Article du 03-11-2016
Gerard Rancinan un oeil sur les soubresauts de l’humanité : Article du 08-11-2016

JPEG - 1.6 Mo
"La certitude d’un succès" Céline Musseau
Sud Ouest du 14 Dec 2016

JPEG - 613.6 ko
"55 000 visiteurs du Miracle" Yannick Delneste
Sud Ouest du 29 Nov 2016

***

PNG - 26.6 koFrance 3 Aquitaine
[Jeudi 13 octobre et Mardi 4 novembre 2016]

De l’imaginaire mais aussi beaucoup d’humour. Si cette exposition n’est pas une rétrospective, on retrouve plusieurs tirages monumentaux déjà exposés aux quatre coins du monde comme "Le Radeau des illusions" d’après Géricault, qui évoque le rêve illusoire des pays pauvres à la recherche d’un Eldorado, le monde occidental.
Marion Gadea

Il fallait bien l’exubérance d’un Gérard Rancinan pour imaginer une déambulation de ses personnages dans les rues de Bordeaux.
Marie Pujolas

Gérard Rancinan et sa probabilité du miracle à la base sous-marine de bordeaux

Un ange s’échappe de l’exposition de Gérard Rancinan à Bordeaux

***

PNG - 41.5 koDirectMatin
[Jeudi 13 octobre 2016]

Son fameux cliché « Fin de fête » et ses archanges maudits de la série « Le Destin des hommes » claquant en monumental en guise d’accueil, son « Radeau des illusions » ou Géricault au pays des migrants... mais aussi du plus gai voire burlesque – sa tête de Mickey apportée sur un plateau ou une Cène version junk food. Du baroque ultra-léchée comme autant de métaphores de nos vies modernes. En prime, des clichés datant de ses débuts, d’autres de ses grandes heures de photojournaliste.
Laurent Theillet

Exposition RANCINAN - GAUDRIAULT à Bordeaux !!!

Contact et Partenaires

Gérard Rancinan et Caroline Gaudriault
sont représentés pour tous les pays par :

Fine Art Cube

contact@fineartcube.com
+33 (0) 1 56 20 15 40

***

Nos Partenaires :

PNG - 25.3 ko Ville de BORDEAUX et BORDEAUX CULTURE
PNG - 27.5 ko LAND ROVER
PNG - 19.1 ko JAGUAR